Quand les pays du Sud briguent la fin de l’hégémonie occidentale

Quand les pays du Sud briguent la fin de l’hégémonie occidentale
Le « Sud global » peut-il mettre fin à l’hégémonie des pays du Nord ? Le déclin relatif des États-Unis et l’essor de la Chine participent à un basculement géopolitique du monde et la remise en cause d’un ordre international façonné par l’Occident depuis plusieurs siècles. Le « Nord global » se laissera-t-il détrôner ? Les pays du Sud, faute de projet alternatif commun, arriveront-ils à « désoccidentaliser » le monde ? Explications.

Entre non-alignement, multi-alignement, clivage Nord-Sud, un terme s’est imposé ces dernières années dans l’espace médiatique : « désoccidentalisation » du monde. À travers plusieurs crises récentes, il traduit un phénomène ancien : l’émancipation des pays du Sud face à une hégémonie du Nord. Une mainmise de l’Occident s’est poursuivie sans discontinuer avec l’esclavage, le colonialisme, le pillage des ressources, les dominations géostratégiques et économiques. Mais la guerre en Ukraine a confirmé un « basculement géopolitique » en cours. Ce « basculement » intervient au moment où les États-Unis connaissent une forme de déclin relatif dans le monde qui s’accompagne de la montée en puissance concomitante de la Chine et de l’Asie, vers laquelle bascule le centre de gravité de l’économie mondiale.

Désoccidentalisation ou fin de l’hégémonie ?
« Les pays du Sud ne se sont pas alignés spontanément sur la position des puissances occidentales vis-à-vis de la guerre en Ukraine, notamment en termes de sanctions. Cela a marqué un premier tournant dans les relations internationales », souligne Christophe Ventura, spécialiste de l’Amérique latine. L’absence d’unanimité à l’encontre de la Russie a pu surprendre. Si elle ne traduit aucunement un soutien à Moscou, elle porte une colère vis-à-vis d’un Occident qui fixe les règles internationales sans se soucier des répercussions de ses propres invasions : Afghanistan en 2001, Irak en 2003 ou Libye en 2011.

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La succession des crises subies par le Sud accentue cette défiance. La pandémie mondiale liée au Covid et ses conséquences ont confirmé l’accaparement des richesses par les pays du Nord. Plus 75 % des vaccins étaient administrés en 2021 dans une dizaine de pays. « Il n’y a pas de manière diplomatique de le dire : un petit groupe de pays qui fabriquent et achètent la majorité des vaccins (…) contrôle le sort du reste du monde », avait dénoncé le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le changement climatique n’échappe pas à cette logique. États-Unis, Canada, Japon, les pays européens, qui ne représentent que 20 % de la population mondiale, sont responsables de 80 % de l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère. Les pays du Nord ont rendu le « Sud » vulnérable et certaines régions du globe inhabitables….