Des changements géostratégiques sans précédent : Le sommet arabe « d’urgence » enverra-t-il des messages clairs aux dirigeants des États-Unis et de l’Europe ? .. Par Kamel Ben Younes

Un nouveau sommet arabe « d’urgence » est prévu dans les prochains jours en Égypte, en réponse aux « menaces du président américain Trump » et dans le but d’arrêter l’agression israélienne contre la Palestine, le Liban et la Syrie, ainsi que de reconstruire la bande de Gaza et les villes sinistrées de la Cisjordanie.

  • Au-delà des discours et des postures, l’opinion publique arabe, islamique, africaine et internationale attend que les réunions des dirigeants et ministres arabes débouchent sur des décisions claires adressées aux décideurs des États-Unis, de l’Europe et des capitales qui ont le pouvoir de mettre fin à l’ »hémorragie généralisée » dans la région arabo-musulmane.

  • Il ne s’agit plus seulement de l’implication des grands décideurs politiques, militaires et financiers de Washington et des capitales occidentales et atlantiques dans le soutien à une « guerre de génocide » contre le peuple palestinien. Ce soutien se manifeste également par une série de raids brutaux contre les peuples de la région, leur souveraineté nationale et leurs richesses humaines et matérielles – du Liban à l’Irak, du Yémen à la Syrie, en passant par l’Iran, l’Égypte, les pays du Golfe, l’Afghanistan et plusieurs nations africaines et asiatiques.

  • L’accélération des violations du droit international par Washington et par les autorités d’occupation israéliennes est évidente. Les États-Unis et plusieurs capitales occidentales reconnaissent depuis des décennies qu’ils fournissent à Israël des milliers de militaires, des bombes, des chars, des avions de combat et des milliards de dollars d' »aides militaires et financières » pour soutenir ses projets « colonialistes et expansionnistes ».

  • La guerre de Gaza et l’échange de tirs entre Israël, l’Iran et leurs alliés ont mis en lumière la présence de nombreuses bases militaires terrestres et navales européennes dans plusieurs pays de la région. De plus, Washington et plusieurs capitales occidentales ont admis que des milliers de soldats américains et européens ont directement participé aux « crimes de guerre » et à la « guerre d’extermination » contre les peuples palestinien et libanais, ainsi qu’aux opérations militaires contre l’Irak, l’Iran, le Yémen et la Syrie.

  • Dans ce contexte de tensions croissantes entre Washington et ses alliés en Europe et au Canada, la région connaît des évolutions géostratégiques sans précédent visant à renforcer l’occupation de la Palestine et d’autres territoires arabes, islamiques, africains et asiatiques.

Un sommet arabe décisif : des paroles aux actes

Le sommet arabe ne doit pas se limiter à publier de simples « déclarations de condamnation et de soutien » à usage interne.

  • Les décisions du Conseil des ministres des Affaires étrangères et des chefs d’État arabes doivent être à la hauteur des changements dangereux que connaissent Washington, Tel-Aviv et le monde entier, surtout après l’arrivée au pouvoir de nouveaux dirigeants d’« extrême droite » et de « radicaux » aux États-Unis, en Europe et en Israël.

  • Le combat ne se limite plus à la fourniture de nourriture et de logements décents aux millions de Palestiniens et de Libanais victimes des guerres de Netanyahu et de ses alliés hostiles à la paix.

  • La question n’est plus seulement celle du déplacement forcé des peuples palestinien, libanais, syrien et irakien, ni celle d’une « guerre d’extermination organisée » ciblant des dizaines de milliers d’enfants, de femmes et de civils innocents. Les statistiques révèlent que plus de la moitié du peuple palestinien et les deux tiers des populations du Liban et de la Syrie, ainsi que des millions d’Irakiens, d’Africains et d’Afghans, ont été déplacés dans le cadre d’un « plan colonial de longue durée » amorcé entre les deux guerres mondiales et intensifié après la Nakba de 1948. Ce plan a facilité l’installation de millions de « colons » venus du monde entier en Palestine et dans plusieurs pays de la région – une stratégie qui se poursuit aujourd’hui sous différentes formes, y compris l’octroi de résidences permanentes et de nationalités aux Juifs du monde entier possédant également la citoyenneté israélienne.

Quelles mesures doivent être prises ?

Les dirigeants arabes doivent adresser des messages clairs à l’administration Trump 2 et aux capitales occidentales soutenant les autorités d’occupation et le projet d’« extension de la carte d’Israël », notamment :

  1. Rejeter catégoriquement toutes les solutions alternatives visant le déplacement forcé des Palestiniens et la création d’un « État de substitution ».
  2. S’opposer aux nouveaux projets d’occupation économiques et militaires des États-Unis et de l’Europe, qui cherchent à contrôler les routes commerciales terrestres et maritimes reliant l’Inde aux pays du Golfe, aux ports de Palestine, du Liban et de la Syrie, dans le cadre de leur rivalité avec la Chine et ses alliés (groupe de Shanghai, BRICS, coalitions asiatiques, africaines et euro-méditerranéennes).
  3. Créer des groupes de travail et des mécanismes de suivi logistiques, financiers et diplomatiques arabes, islamiques et internationaux pour engager un dialogue stratégique avec Washington et ses alliés et œuvrer à la chute du gouvernement de Benjamin Netanyahu, accusé de crimes de guerre internationaux et de violations répétées de la souveraineté du Liban, de la Syrie, de l’Égypte, de l’Irak et des autres pays de la région.
  4. Former un groupe ministériel arabe élargi, incluant les pays maghrébins et africains, chargé d’entreprendre des démarches diplomatiques de haut niveau avec l’ONU pour établir un nouvel ordre régional et international, fondé sur le dialogue et le partenariat entre les peuples et les cultures. Ce modèle s’inspirerait des initiatives passées comme le Dialogue euro-arabe (1975-1991), le Processus de Barcelone (1995-2009) et les anciens mécanismes de dialogue interculturel et civilisationnel.

Vers une action arabe efficace ?

Espérons que le prochain sommet arabe ne soit pas une simple réunion symbolique mais un tournant vers un véritable allègement des souffrances des peuples de la région, en paroles et en actes.

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