Guerre au Proche-Orient : vers une escalade nucléaire de l’Iran ? .. Par Léa Espagnet
Alors que la position de l’Iran s’est affaiblie ces dernières semaines suite aux frappes israéliennes sur son territoire et ses alliés, Téhéran semble envisager de se doter de l’arme nucléaire comme «moyen de défense».
L’Iran va-t-il se doter d’un arsenal militaire atomique ? «Je ne pense pas qu’une arme nucléaire (iranienne) soit inévitable», avait déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken lors d’une intervention mercredi dernier. Il a également reconnu que Téhéran pourrait envisager plus sérieusement de se doter de l’arme nucléaire après qu’Israël a détruit une partie de ses défenses aériennes, réduit l’influence du Hezbollah libanais et que les islamistes ont renversé son grand allié Bachar al-Assad en Syrie.
Un constat alarmant partagé par Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, ayant alerté le prochain président des Etats-Unis, Donald Trump, à ce sujet. Cela survient alors que ce dernier envisagerait, selon des informations du Wall Street Journal relatées par le Telegraph, des frappes aériennes sur les installations nucléaires iraniennes lorsqu’il sera en poste.
L’Europe et les Etats-Unis en alerte
«C’est un risque sur lequel nous essayons d’être vigilants. C’est un risque sur lequel j’informe personnellement la nouvelle équipe», a déclaré Jake Sullivan le 22 décembre dernier, ajoutant qu’il avait parallèlement consulté Israël, allié des Etats-Unis. Il a ajouté qu’étant donné «l’état affaibli» de l’Iran , Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, pourrait également persuader l’Iran de s’engager à démanteler sa capacité nucléaire.
Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont accusé de leur côté l’Iran d’augmenter son stock d’uranium hautement enrichi à des «niveaux sans précédent», sans «aucune justification civile crédible». Les trois pays ont également estimé que l’Iran devait «inverser son escalade nucléaire», dans un communiqué avant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur le programme nucléaire de Téhéran.
A noter que la République islamique défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie, mais nie vouloir se doter d’une bombe atomique, ce que soupçonnent les pays occidentaux.
«Le stock d’uranium hautement enrichi de l’Iran a atteint des niveaux sans précédent, là encore sans aucune justification civile crédible», ont assuré les trois pays, dans un format connu sous le nom de E3, ajoutant que cela «donnait à l’Iran la capacité de produire rapidement suffisamment de matières fissiles pour plusieurs armes nucléaires».
«L’Iran a accéléré l’installation de centrifugeuses avancées, ce qui constitue une nouvelle étape préjudiciable dans ses efforts pour saper l’accord nucléaire qu’il prétend soutenir», ont ajouté les trois pays.
La nécessité d’un accord avec l’Iran
L’E3 avait évoqué la semaine dernière un possible recours à un mécanisme de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 permettant de réimposer des sanctions contre Téhéran. En 2015, Téhéran avait conclu à Vienne un accord avec la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les États-Unis pour encadrer son programme nucléaire. Le texte prévoyait en contrepartie un allègement des sanctions internationales contre Téhéran.
Mais en 2018, Donald Trump, alors président des États-Unis, avait retiré unilatéralement son pays de l’accord – auquel se conformait Téhéran, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) – et avait rétabli des sanctions contre l’Iran.
En représailles, Téhéran a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies. L’Iran est le seul Etat ne disposant pas de l’arme nucléaire à posséder de l’uranium enrichi à 60%, selon l’AIEA. Le seuil d’enrichissement nécessaire pour fabriquer une arme atomique est de 90%.
Mardi dernier devant le Conseil de sécurité, la sous-secrétaire générale de l’ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a estimé que les parties étaient dans «l’impasse» à dix mois de l’expiration de la résolution onusienne qui endosse l’accord de 2015 pour dix ans. L’ambassadeur iranien auprès des Nations unies a de son côté assuré mardi dernier que c’étaient les pays occidentaux, et non pas l’Iran, qui n’honoraient pas leurs engagements.
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