Après les déclarations du président iranien : Réconciliation entre la Syrie, la Turquie, la Russie et l’Iran .. Par Kamel Ben Younès

 

Qui arrêtera les nouvelles « guerres d’usure » dans la région ?

L’agence de presse iranienne Irna a rapporté que le président iranien, Massoud Bezchkiyan, a évoqué l’existence de « médiations » en cours pour organiser des rencontres de réconciliation à Doha, la capitale qatarie. Ces discussions impliqueraient des hauts responsables de la Syrie, de l’Iran, de la Turquie et de la Russie, dans le but de mettre fin à l’escalade militaire dans le nord de la Syrie et de favoriser un cessez-le-feu durable au Liban et en Palestine occupée, notamment dans la bande de Gaza.

Ce développement rappelle le succès des rencontres irano-turco-russes qui s’étaient tenues il y a quelques années à Astana, capitale du Kazakhstan, pour discuter des crises en Syrie et dans la région.

Les enjeux de la déclaration iranienne

La déclaration du président iranien coïncide avec les visites de son ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, à Damas et à Ankara. Ces démarches visent à stopper les attaques des « oppositions armées » et des « milices terroristes » contre des casernes syriennes gouvernementales et des grandes villes comme Alep, Hama, Homs et Deir ez-Zor.

Le président iranien, qui s’était rendu à Doha quelques semaines auparavant, a salué ce qu’il a décrit comme « la médiation qatarie pour résoudre les crises régionales, en particulier concernant la guerre israélienne dans la bande de Gaza ».

Selon les déclarations rapportées par Irna, le président Bezchkiyan a affirmé :

« Nous apprécions les efforts de l’État du Qatar et son rôle central en tant que médiateur dans les crises régionales, notamment en ce qui concerne Gaza. Nous espérons que la volonté et la détermination du Qatar continueront à œuvrer pour la paix dans la région. »

Il a ajouté :

« Nous espérons que, grâce à une coopération et une solidarité accrues, tous pourront améliorer la paix et la sécurité dans la région tout en renforçant l’unité et la cohésion entre les nations islamiques. »

En évoquant l’escalade militaire dans le nord de la Syrie, impliquant des forces gouvernementales syriennes, des groupes « opposants », ainsi que des avions de combat russes et kurdes, il a souligné que :

« Ce qui se passe en Syrie montre que la stabilité et la sécurité ne peuvent être atteintes que par le dialogue et une solution politique. »

Le président iranien a également exprimé la disponibilité totale de Téhéran à jouer un rôle pour instaurer la paix en Syrie par le biais d’un accord politique, laissant entendre une ouverture à une réconciliation entre le gouvernement syrien et ses opposants modérés, hostiles aux scénarios de partition du pays ou à une « sécession kurde ».

Des perspectives d’arrêt des « guerres d’usure »

Ces déclarations laissent entrevoir une possibilité d’arrêt des « guerres d’usure » et des « guerres par procuration » qui minent la région depuis des années. Ces conflits armés, extrêmement coûteux pour toutes les nations et communautés concernées, ont engendré de graves pertes humaines et économiques, exacerbées par des divisions ethniques, sectaires et confessionnelles.

Nouvelles crises et enjeux régionaux

Ces déclarations surviennent dans un contexte de tensions croissantes et de « surenchères médiatiques et politiques » qui attisent de nouvelles crises en Syrie, en Irak, en Turquie, au Soudan, dans le Golfe et dans tout le Machrek. Parmi les points de discorde figurent les différends entre Damas, Ankara, Téhéran et Bagdad d’un côté, et les « séparatistes kurdes » et « organisations armées » de l’autre, qui revendiquent la création d’un « État kurde indépendant » englobant des territoires de Syrie, de Turquie, d’Irak et d’Iran.

Ankara et plusieurs capitales occidentales et arabes ont, par ailleurs, relancé leur soutien à l’ »opposition armée syrienne », dans une tentative de faire chuter le régime de Damas.

Interventions internationales

Dans le même temps, des responsables israéliens et occidentaux, dont Netanyahu, ont menacé de renverser le président syrien en raison de l’utilisation présumée par l’Iran et ses alliés au Liban et en Palestine des territoires et aéroports syriens pour transférer des armes, des fonds et des experts militaires.

D’autres sources évoquent des « médiations » entreprises par des capitales arabes et internationales, notamment Abu Dhabi et Washington, pour stopper les actions des « milices terroristes » et les frappes aériennes variées.

Selon certaines informations, ces initiatives exigeraient que Damas mette fin à son alliance avec Téhéran et les factions de résistance libanaise et palestinienne qui lui sont fidèles, en particulier le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique, en échange d’un soutien occidental et arabe à la reconstruction du pays.

Une chance pour la paix ?

Bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer le succès de ces efforts, il est crucial pour les dirigeants sages de la région et pour les ministres des Affaires étrangères des pays arabes, islamiques, asiatiques et africains de soutenir toutes les initiatives visant à arrêter les effusions de sang et à promouvoir la réconciliation.

La récente réunion du Conseil de coopération du Golfe au Koweït et les institutions de la Ligue arabe au Caire ont exprimé un soutien clair à l’arrêt des guerres en Palestine occupée, à Gaza, au Liban et en Syrie. Il reste à espérer que les « réunions de médiation à Doha » mentionnées par le président iranien réussiront à sauver la situation avant qu’il ne soit trop tard.

Le point de départ pourrait être les accords des conférences russo-turco-iraniennes d’Astana en 2020.

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